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L’arrêté créant le Comité de facilitation du dialogue national interhaïtien a été publié le jeudi 21 février dans le journal officiel Le Moniteur. Selon l’article dudit arrêté, ce comité a pour mandat de « définir le cadre méthodologique approprié devant faciliter le déroulement des discussions, recommander toutes mesures favorisant la création de conditions favorables à la réalisation du dialogue interhaïtien ». Il devra « mettre en œuvre toute stratégie garantissant la réalisation d’un dialogue national interhaïtien franc et sincère, soucieux des intérêts supérieurs de la nation, dans un esprit de concorde et de paix, en vue de retrouver des solutions durables aux problèmes majeurs qui freinent le développement économique du pays depuis plusieurs décennies, suivant les termes de référence définis par la présidence.»
Alors que les leaders du secteur démocratique et populaire ne cessent d’exprimer leur refus de dialoguer avec le pouvoir, le président de la République demande aux membres du comité de facilitation du dialogue national interhaïtien d’« obtenir la participation active des personnalités politiques, économiques et sociales du pays, ainsi que celle des structures politiques et des organisations de la société civile. Ils devront « collaborer avec les partenaires internationaux intéressés au dialogue national interhaïtien ». Ce comité, dont la durée du mandat est de quatre-vingt-dix jours à partir de la date de sa mise en place, a enfin pour tâche de « faire la synthèse des différentes propositions de résolution pacifique des conflits politiques, économiques et sociaux qui rongent périodiquement notre société ».
Le chef de l’État attend du comité qu’il lui soumette un rapport présentant, d’une part, les solutions conjoncturelles aux problèmes politiques et, d’autre part, les solutions structurelles aux problèmes de gouvernance politique et économique d’Haïti, à la fin du dialogue. Ce rapport sera publié, précise l’arrêté présidentiel. Pendant toute la durée de son mandat, le comité de facilitation du dialogue interhaïtien a pour obligation d’informer la nation chaque semaine de l’état d’avancement du dialogue. Le comité de facilitation du dialogue interhaïtien est formé de sept personnalités, inconnues du grand public, pour la plupart. Il s’agit de Kettely Julien, Charles Suffrard, Marie-Carmel Mentor, Carlo Joseph, Dorothie Sénatus, Marie Michele Sylvie Rameau et Rudolf Dérose.
Sollicitée par le président de la République pour être l’un des facilitateurs du dialogue interhaïtien, la plateforme “Religions pour la Paix Haïti” avait répondu par la négative. Le secrétaire général a.i. de la présidence, Jean Hilbert Lebrun, a annoncé, dans un communiqué de presse vendredi, que ce comité sera installé le lundi 25 février et se mettra au travail rapidement pour que dans un délai n’excédant pas quinze jours, il puisse enclencher, dans le respect de la Constitution, un dialogue politique, franc et sincère devant conduire à la mise en place d’un gouvernement inclusif capable de répondre aux aspirations de la population. « Il devra également étendre son travail en vue de l’instauration d’un dialogue constructif avec la participation active des personnalités politiques, économiques et sociales et des organisations de la société civile », poursuit le communiqué.
Après les événements du mois de novembre dernier, qui avaient sérieusement secoué son pouvoir, le président Jovenel Moïse avait donné à son nouveau Premier ministre Jean-Henry Céant, venu à sa rescousse, le mandat de consulter tous les secteurs de la vie nationale dans le cadre d’un dialogue visant à aboutir à un pacte de gouvernabilité. Le chef de l’État avait lui-même exprimé son insatisfaction à cause de l’absence de certains leaders-clés de l’opposition lors du lancement officiel de ces pourparlers le 22 janvier au centre de Convention de la BRH. Jovenel Moïse avait publiquement demandé à son Premier ministre de poursuivre les dialogues afin d’amener ses opposants sur la table de négociation. Parmi les initiatives du chef de l’État visant le dialogue avec l’opposition mais qui se sont révélées infructueuses figure aussi le comité de pilotage et d’organisation des états généraux sectoriels de la nation créé en mars 2018.