OPIC : dans l’oeil du cyclone, le secteur privé ne boude pas pour autant l’avenir…

OPIC : dans l’oeil du cyclone, le secteur privé ne boude pas pour autant l’avenir…

Pour le moment, c’est banco pour Fatima Group. En pole position, le groupe a signé avec David Bohigian, patron a. i d’OPIC, « un accord de financement de 19,5 millions de dollars pour soutenir l’expansion du futur hôtel Marriott au Cap-Haïtien, a informé un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis, mardi 21 mai 2019. Les signataires de cet accord tablent sur le renforcement des activités économiques et les emplois dans la deuxième ville d’Haïti.

« Haïti a un grand besoin d’investissements en même temps qu’elle représente une opportunité prometteuse pour les investisseurs », a déclaré M. Bohigian, cité dans ce communiqué. « En travaillant avec nos partenaires en Haïti pour trouver des solutions à impact considérable aux défis de développement qui existent depuis longtemps, l’OPIC cherche à favoriser la prospérité, la stabilité et la sécurité en Haïti et bien au-delà. »

« Le portefeuille actuel de l’OPIC dans les Caraïbes s’élève à plus de 250 millions de dollars, dont près de 35 millions en Haïti dans le cadre de divers projets dans des secteurs allant du logement et la construction à la production alimentaire », a révélé le communiqué de l’ambassade des Etats-Unis, soulignant qu’Haïti est la troisième étape d’une tournée de l’OPIC dans 5 pays des Caraïbes, dont Bahamas, Jamaïque, République dominicaine et Sainte-Lucie pour « explorer les possibilités d’investissement dans le domaine de l’énergie et dans d’autres secteurs importants, et afin de renforcer les relations avec les pays qui sont des partenaires essentiels dans les efforts de maintien de la stabilité et de la sécurité dans l’hémisphère occidental ».

« Lors d’une réunion qui s’est tenue au mois de mars dernier avec les dirigeants des Caraïbes autour du commerce, des investissements dans le secteur de l’énergie et des problèmes de sécurité, le président Trump a réaffirmé la détermination des États-Unis de travailler avec ses partenaires de la région pour aider à soutenir la croissance économique, contrer les politiques de pratiques déloyales dans le secteur des investissements, et renforcer la coopération en matière de sécurité », a situé le communiqué de l’ambassade.

Des projets présentés, des pions avancés en attendant des jours meilleurs…

Le Fatima Group est dans le pipeline « des chefs d’entreprises locales pour discuter d’opportunités d’investissement, mettre en évidence la manière dont l’OPIC supporte les investissements du secteur privé sur les marchés émergents et définir ses priorités dans les Caraïbes, notamment dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et les projets entrepris par les femmes entrepreneures »,  a informé le communiqué de l’ambassade. L’AMCHAM, la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti et l’ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince ont facilité ces échanges. Le président de la CCIH, Bernard Craan, a indiqué que cette rencontre a permis de présenter quatre gros projets (3 énergie, 1 agriculture) et démontrer, qu’à côté de ceux-là, le secteur privé a beaucoup d’autres projets bien ficelés qui peuvent être financés. Le patron de la CCIH a cependant fait remarquer que personne, Haïtien ou étranger, n’investira en Haïti sans une « restructuration de la situation en Haïti » où il y a une dépréciation accélérée de la gourde et une incertitude générale au niveau économique et sociopolitique. « On peut toujours travailler pour le futur. C’est ce que nous sommes en train de faire. Nous du secteur privé sommes en train de placer des pions pour pouvoir créer des entreprises, faire que des entreprises existantes développent des projets capables de créer beaucoup d’emplois et de générer de la richesse et des revenus pour l’Etat haïtien. C’est pour cela qu’on travaille », a confié Bernard Craan, soulignant que le processus pour financer un projet peut prendre entre 8 et 12 mois.

« Malgré la situation macroéconomique catastrophique du pays, il y a des gens qui sont prêts à investir. C’est un bon signe que le secteur privé pense à investir et ne baisse pas les bras malgré les problèmes que nous avons », a indiqué le président de l’AMCHAM, Laurent Saint-Cyr, encouragé par le fait que l’OPIC, à  la fois, peut financer des grands projets de 5 à 500 millions de dollars et d’autres pour des petites et moyennes entreprises entre 500 000 et 5 millions de dollars américains. « Le gouvernement américain, à travers OPIC, veut montrer concrètement qu’il veut soutenir Haïti à travers son secteur privé », s’est réjoui Laurent Saint-Cyr.

« Le gouvernement américain semble vouloir ouvrir une fenêtre de financement au secteur privé haïtien à travers une nouvelle institution. En effet, la nouvellement créée, US International Development Finance Corporation (USIDFC), pourra offrir environ $60 milliards de prêts, de garantie de prêts et de police d’assurances contre les risques politiques à des compagnies américaines désireuses d’investir à l’étranger. Tous ces prêts, toutes ces garanties et toutes ces polices d’assurances seront émis à des taux de marché, c’est-à-dire à des conditions qui permettent à la USIDFC de gagner de l’argent », a confié l’homme d’affaires Daniel Rouzier de E-Power et SunAuto.

« Ce matin, différents projets d’infrastructures, d’énergie et d’agro-industrie ont été présentés à la délégation américaine par des entrepreneurs haïtiens et les perspectives paraissent encourageantes. À en croire les techniciens de l’OPIC, il y a de l’argent disponible pour le secteur privé local, mais pour que des projets y soient éligibles, il faudra qu’ils soient, d’abord et avant tout, rentables. Dans le cas de projets qui vendent directement des services à l’État ou à une entreprise d’État, il faudra que ce dernier offre sa garantie souveraine, c’est-à-dire qu’il s’engage à payer les services qui ont été vendus, si l’État ou l’entreprise d’État deviennent défaillants. Dans tous les cas, tous les projets financés doivent s’engager, sous peine de remboursement anticipé, à respecter l’environnement », a expliqué Daniel Rouzier au journal.

« En dépit du marasme ambiant, si de l’argent frais se déclare prêt à retourner au pays et qu’en échange il reçoit des gages de transparence, de reddition de comptes, de résultats probants et de respect de l’environnement, toutes les espérances sont de mise », a estimé Daniel Rouzier.

Quid de l’OPIC

L’Overseas Private Investment Corporation (OPIC) est une agence autonome du gouvernement des Etats-Unis qui aide les entreprises américaines à investir dans les marchés émergents. Fondé en 1971, l’OPIC fournit aux entreprises les outils nécessaires pour gérer les risques associés aux investissements directs étrangers, favorise le développement économique des pays émergents et fait la promotion des priorités des États-Unis en termes de politique étrangère et de sécurité nationale.

L’OPIC aide les entreprises américaines à s’implanter sur de nouveaux marchés, joue un rôle de catalyseur pour générer de nouvelles recettes et contribue à la création d’emplois et d’opportunités de croissance tant au niveau national qu’au niveau international. L’OPIC remplit sa mission en apportant le financement aux entreprises, une assurance contre les risques politiques, et en assurant leur promotion et également en créant des partenariats avec des gestionnaires de capitaux privés.

 Les services de l’OPIC sont disponibles pour les entreprises nouvelles et en expansion qui envisagent d’investir dans plus de 160 pays à travers le monde. Étant donné que l’OPIC facture ses services en fonction du marché, il opère sur une base autonome, sans coût net pour les contribuables. Tous les projets de l’OPIC doivent adhérer aux meilleures pratiques internationales et ne peuvent entraîner de perte d’emplois aux États-Unis.  

Un accord en cinq articles entre les gouvernements américain et haïtien visant à encourager les investissements en Haïti à travers OPIC a été signé le 29 juin 1998, a appris le journal qui a obtenu une copie de cet accord.      

« La célèbre Autograph Collection du groupe Marriott, portefeuille exclusif de propriétés de Marriott International reconnues pour célébrer l’individualité, ajoutera Habitation Jouissant – chic boutique-hôtel située au Cap-Haïtien – à son impressionnant portefeuille mondial durant le quatrième trimestre de 2017 », a annoncé un communiqué du groupe rendu public le 16 novembre 2015, lisait-on dans le journal Le Nouvelliste. « Située dans la deuxième ville d’Haïti et sur la côte nord du pays, la propriété constituera le troisième hôtel d’Autograph Collection dans les Caraïbes et servira fièrement de deuxième propriété de Marriott International en Haïti – faisant suite à l’ouverture de l’hôtel Marriott de Port-au-Prince début 2015 », avait souligné ce communiqué. « Nous nous réjouissons à l’idée d’accueillir Habitation Jouissant dans notre collection mondiale croissante », a dit Julius Robinson, vice-président et responsable mondial des hôtels de Autograph Collection, cité dans le communiqué. « À l’approche de l’inauguration de notre 100e propriété d’ici le début de l’année prochaine, nous savons qu’Habitation Jouissant apportera au portefeuille une perspective tant unique que riche sur le plan culturel lorsqu’elle se joindra à nous en 2017 », table le groupe qui renseigne sur les travaux à réaliser.

« Dans le cadre de sa transformation, Habitation Jouissant fera l’objet d’une restructuration exhaustive, ce qui comprend l’ajout de 87 chambres, portant le nombre total à 100 chambres, si l’on tient compte des 13 suites que compte déjà la propriété. Une fois sa construction achevée, l’hôtel comprendra une nouvelle suite présidentielle, deux restaurants, deux piscines, un centre de conditionnement physique et des salles de réunion – tous caractérisés par des programmes et des équipements uniques en leur genre qui s’inscrivent dans la tradition reconnue d’Autograph Collection, laquelle consiste à fournir des expériences qui sont Exactly Like Nothing Else (Comme rien d’autre) », a indiqué le communiqué. « Nous continuons de chercher des occasions d’amener de grandes enseignes hôtelières en Haïti, comme les hôtels Autograph Collection, afin d’accommoder la vague impressionnante de voyageurs internationaux qui visitent la région, particulièrement le Cap-Haïtien », a dit Tim Sheldon, président de Marriott International, Caraïbes et Amérique latine, cité lui aussi dans ce communiqué. « La réincarnation d’Habitation Jouissant réaffirme notre engagement en Haïti.

En 2011, la résidence a été convertie en un charmant bed and breakfast et, l’année suivante, huit chambres ont été ajoutées, portant le total à 13 suites. La propriété possède également un restaurant-bar apprécié des locaux et des visiteurs. « C’est avec énormément de fierté que nous nous joignons à Marriott International dans sa première aventure au Cap-Haïtien », avait fait savoir Fred Béliard, président du groupe Fatima, propriétaire d’Habitation Jouissant. « Nous sommes emballés de faire partie non seulement de l’histoire du Cap-Haïtien, mais aussi très fiers de faire partie de son émergence et de son rayonnement grâce à ce nouveau partenariat », avait-il indiqué.

« Le Nord, a poursuivi Fred Béliard, est un bijou. Son développement, sur le plan touristique comme sur le plan économique, est essentiel au succès d’Haïti. Nous sommes convaincus que notre partenariat avec Marriott International constitue une étape décisive qui marquera le début de nombreuses grandes collaborations pour nous et pour nos collègues de l’industrie touristique dans le Nord. »

Roberson Alphonse

Roberson Alphonse

Auteur

Related posts